VII. Le cadre familial

D'ailleurs la femme n'est pas seule à obéir. Les dimensions de la famille à Hadeth sont encore étendues. Ce n'est pas le couple qui est l'unité sociale, mais la famille, un peu à la romaine et un peu à la façon du Moyen Age. Tous les membres d'une famille, même les collatéraux avec leur descendance, restent unis sous l'influence d'un maître de maison, le grand-père, le pére, l'oncle paternel, le frère aîné, la mère parfois.

Nous avons employé le terme <<influence>> de préférence à celui d'autorité. Car le premier de la famille n'est pas un chef. Il est plutôt le symbole de l'unité familiale. On le respecte. On tient compte de ses conseils et de ses actes.

L'unité est à la fois économique et sociale, en ce sens que la famille vit de la collaboration active de tous ses membres. Ce que gagne l'enfant en travaillant comme menuisier apprenti ou garçon d'hôtel, par exemple, vient compléter ce que gagne le père ou le frère ainé, en s'occupant de la propriété.

L'enfant marié et qui a des enfants, éprouve bien des difficultés à sortir du foyer paternel. On subdivise la maison autant qu'il est possible. On y ajoute une chambre on deux, quand l'espace le permet.

L'éclatement du cadre familial est bien rare. Quand il se fait, c'est sous la poussée d'une incompatibilité absolue de caractères, ou bien à cause de la nécessité d'émigrer!

L'individu qui se sépare de la maison paternelle fonde une nouvelle souche qui prend son prénom comme nom patronymique pour se distinguer de la famille d'origine.

Sauf de rates exceptions, l'aîné des enfants donne à son premier-né mâle le prénom de son propre père. Ainsi, dans les familles maronites, de petits-fils à grands-pères, les mêmes appellations s'enjambent et forment une chaine à doubles mailles.

Cette coutume, souvent utile pour retrouver les ancêtres, est parfois trompeuse: certains, quand le grand-père est vivant, évitent de donner son nom à son petit-fils. Cela porte malheur au vieillard, paraît-il! La perturbation va loin: plus tard, le premier garçon du fils aîné du petit-fils actuel sera appelé du nom de ce dernier et non de celui de l'arrière-grand-père dont on a voulu respecter la vie! Décès, émigrations, fantaisies des parents...causent de nouvelles perturbations dans les séries coutumières.

L'établissement, depuis plus d'un demi-siècle, des registres de recensement et des cartes d'identité obligatoires, rendra, probablement, bien moins fréquente cette ramification nominative et plus facile le dénombrement démographique des families de même souche.